Au N° 11 de la rue Malcousinat, ainsi nommée par allusion aux cousins ou bien coquins qui, au temps à la fois brillant de Renaissance et sanglant des guerres de religion, devaient hanter cette venelle transversale avant son élargissement postérieur, un portail donne accès à un autre monde. Dans la cour s’élèvent à droite des murailles bistres munies de coursives et à gauche s’ouvre un passage sur une autre cour à loggia. En face, une tour toulousaine, en érection comme il se doit, et munie de fenêtre à meneaux Renaissance, signale la puissance passée des maîtres de céans.

Cet hôtel de Boysson, construit dans la seconde moitié du XVe siècle pour un marchand enrichi, Huc de Boysson, fut remodelé et considérablement agrandi au cours du siècle suivant par un autre marchand Jean de Cheverry. Ce monument historique, classé depuis 1928 et propriété de la ville, était à restaurer, ce qui fut fait à l’instigation d’associations (Convergence occitane) et avec l’aide des instances municipales, départementales et régionales. Il s’agit d’entretenir et animer ici des activités pour la langue et la culture occitane qui font l’originalité et l’âme de la région.

Que deviendrait ce patrimoine, face aux rouleaux compresseurs médiatiques sans un lieu cherchant à restaurer et promouvoir la grande histoire allant des troubadours aux chanteurs folk occitans ? En France jacobine, où l’on dut résister aux démarches contre-révolutionnaires en régions, on se méprit en interdisant les langues locales et avec elles des modes de vie et de pensée. On ne remonte pas le temps, mais on peut en principe rencontrer ici des associations occitanes qui travaillent au quotidien et devraient offrir des activités et manifestations pour une survie de la langue et surtout de la culture. Car, ainsi que l’assure Christian Saint-Paul après Félix Castan : « aujourd’hui,  il est des écrivains occitans en langue française ».

Or, comme bien des lieux culturels, l’Ostal d’Occitania est aujourd’hui fermé au public. Ce n’est pas le lieu de mesurer ici la commotion imposée à la grande nation de l’esprit qu’est la France, ni de sonder l’obscurité des conceptions qu’elle révèle chez les dirigeants. Le fait est que les actions programmées ici début 2021 doivent par force se tenir en remplacement en ligne.

« Tempo/poème », ce sont des jeudis de poésie prévus à la Maison d’Occitanie, au cours desquels est présenté chaque fois un auteur. Cette fois, c’est le tour de moi-même. Mon récital intitulé : « Gare au covid » inspire un soutien d’amis et quelques uns ont voulu participer pour résister à la mise en confinement des libertés, pour que vive la culture et survive la poésie. Il s’agit de : Cécile Chapduelh, Franc Bardòu, Capitaine Slam, Christian Saint-Paul et Svante Svahnström que je remercie de dire avec moi des mots d’amour et de lutte, accompagnés par le pianiste Alain Bréheret. La performance est enregistrée pour une écoute en ligne gratuite sur internet à partir du jeudi 28 janvier 2021 à 18h30. Il suffira de cliquer alors sur le lien : //ostaldoccitania.fr/evenements/

Pour le sourire, notons une autre action. L’idée est plutôt simple : Rendre l’occitan présent comme moyen d’expression de l’amour le jour de la Saint-Valentin à travers un affichage d’extraits poétiques que les passants seront conviés à emporter et offrir à l’élu(e) de leur cœur. L’événement est ainsi présenté sur la publication internet de la maison : « Le 14 février, c’est la fête des amoureux. Et si nous la fêtions en occitan ? Nous savons depuis belle lurette que l’occitan est la langue de l’amour, puisqu’elle rime avec « troubadour ». Si nous nous faisions donc des déclarations d’amour grâce à la poétique des troubadours ? Et si nous nous faisions ces déclarations en mettant de côté tout aspect consumériste avec des lettres d’amour à disposition des passants toulousains ? » Pour plus d’informations, rendez-vous aussi sur le site de la maison d’Occitanie.

N’oublions pas la librairie La Tuta d’Oc (La Tanière d’Oc) dont la vitrine s’ouvre dans la rue à côté même de l’entrée de la maison. C’est un instrument précieux d’un courant de pensée avec des livres pédagogiques et aussi, et surtout culturels, on y renseigne en occitan ou en français, présentement sur le site : www.latutadoc.com

Un mot enfin sur le bistrot A Taula qui fonctionne habituellement dans les locaux et en terrasse dans la cour, mais est, hélas, actuellement fermé. Pas pour longtemps, espérons !