J’apprends à la radio que la Confédération paysanne propose de cesser les manifestations durant les fêtes. Qui se plaindrait de ne pas rencontrer de barrage sur la route pour se rendre à Noël en famille ? Pourtant l’affaire est peut-être un peu plus compliquée.

Il y a longtemps que des auteurs ont décrit les difficultés d’existence à la campagne. Je me souviens entre autres d’Emile Guillaumin contant « La Vie d’un simple » dans l’Allier et encore de Jean Boudou, grand écrivain occitan méconnu, qui dans une œuvre abondante décrivit et fantasma le pays aveyronnais. Néanmoins, la nostalgie d’une vie rurale ne peut pas cacher le présent.

Ils le crient assez, les éleveurs sont actuellement conduits à la faillite quand on abat leur troupeau. La fin d’une exploitation, c’est la fin d’une vie de paysan. Alors qu’il y aurait des moyens autres de juguler l’épidémie. Mais il faut exporter… Et pour cela obéir aux règlements ! Ajouter la signature probable, quoique repoussée, d’un accord de libre-échange avec le Mercosur, c’est la fin prochaine de beaucoup d’éleveurs. L’élevage, et bien d’autres spéculations, sacrifiés au profit des bagnoles à fourguer à l’exportation ! On comprend que certains aient la haine.

Et comme toujours, certains profitent de la crise pour attiser la flamme. Les paysans ont le sang chaud. On l’aurait à moins dans une corporation où il faut bosser dur longtemps et toujours pour gagner une misère dans un environnement dénué d’équipements. Les femmes, surtout, souffrent de conditions rudes, d’absence de travail et d’aides insuffisantes. Alors, le sentiment d’être abandonné est une aubaine pour qui sait ramasser les morceaux.

Je ne suis pas dans les états-majors, loin de là. Mais on peut comprendre qu’il est facile de hurler avec les loups. Quelques slogans, un look taillé sur mesure, et le tour est joué. Il y a beaucoup de voix à pêcher à la campagne. Ainsi, dans un costard impeccable, on va parler aux campagnards et à leurs femmes. Sans oublier personne, bien sûr. D’un côté on est avec les paysans qui manifestent, de l’autre on est avec les gens qui circulent. On est avec tout le monde. Bravo.