Voici une chronique envoyée par un ami, Pierre-Dominique Parent, spécialiste de poésie  contemporaine :

« Cette très belle publication ne se contente pas d’évoquer René-Guy Cadou et les fondateurs de l’Ecole de Rochefort (1940-1945). Ils honorent cette fois Serge Wellens* qui fait partie de la deuxième vague de cette fameuse école (« buissonnière » comme on la nomme souvent) et dont les échos se sont prolongés au-delà des années de guerre jusqu’à Paris. Elle réunissait  un groupe d’amis, poètes essentiellement, à la sensibilité proche, et amoureux de la nature. Ce groupe répondait à la nécessité non seulement de fuir Paris occupé mais aussi de confronter les expériences de chacun à l’écart des modes parisiennes comme le surréalisme. Serge Wellens est né en 1927 à Aulnay-sous-Bois et décédé en 2010 à la Rochelle. Son parcours poétique commença dans le cadre d’un groupe anarchiste intitulé « Les Cahiers de l’Orphéon ». On aurait pu croire que Wellens allait cultiver cet esprit libertaire d’une façon durable tant était fortement ancré en lui un sentiment de révolte contre la société. Or, au grand étonnement de certains de ses amis, il n’en n’a rien été. Avec l’âge et l’expérience, Serge Wellens rencontra d’autres inspirations, notamment celle qui le fit accéder à un dieu qui n’est certes pas le Dieu conformiste de certains croyants, mais une sorte de compagnon d’infortune à qui l’on peut confier sans peine la dure réalité du poème et de la vie. « La solitude est hérésie » écrit Serge Wellens. C’est cependant l’ humour qui chez lui est demeuré une constante, ainsi qu’en témoignent certains de ses poèmes, tel celui-ci: « À présent / il nous donne bien de l’inquiétude / il dort mal / il rêve fort / il se retourne / et l’on entend le monde / craquer de tous ses ressorts / Est-il malade de vermine / de solitude / on dirait qu’il parle mais quoi / Va-t-il se réveiller encore une fois / Et faudra-t-il encore une fois / le mettre à mort ? »


* Parmi les ouvrages de Serge Wellens cités par l’ami, les premiers : Les dieux existent et Méduses, (tous deux aux éd. Millas-Martin 1966), et les derniers : Il m’arrive d’oublier que je perds la mémoire (éd. Folle Avoine, 2006) ; Poèmes de l’inconfort (éd. Folle Avoine, 2010) ; Tout doit disparaître (éd. Folle Avoine, 2012). »