Dans l’univers de la montagne, hors des turpitudes du monde, vit chichement et laborieusement Pierre, un adolescent orphelin vendeur sur les marchés. Un ami croyant avoir la bosse du commerce, les deux jeunes vont monter une grande entreprise commerciale. Lancée sous le parrainage du chanteur Chicharra, vedette de la chanson contestataire et mécène humanitaire d’enfants, elle va se heurter pourtant à la sauvagerie de la jungle capitaliste… C’est à la fois un conte moral et un petit roman d’aventures que nous donne ici Maxime, plus coutumier de textes politiques et connu comme animateur de l’émission « Excusez-moi de vous interrompre » à l’antenne toulousaine de « Radio Mon Pays ». Quand il ne s’essaye pas aux paroles de chansons édifiantes comme ici : « Moi je t’embrasse / Sans dégoût / Malgré la crasse / Sur tes joues… » Il y a les méchants : un voisin menaçant d’acheter la grange où vit le héros, les marchands du temple dans le monde et surtout celui qui, jeune loup formé dans les écoles internationales de la modernité marchande, reprendra l’entreprise pour organiser une fin révoltante. Mais il y a les gentils, parmi eux deux filles, à peine côtoyées sans oser même les convoiter. Je ne sais si c’est ainsi que font encore les adolescents d’aujourd’hui, mais cette vision fugitive m’évoque en tout cas des souvenirs : « Une jeune fille apparaît, juchée sur une monture blanche. Elle-même est blanche, de peau, d’habits. » Enfin, il y a la montagne, avec son paysage, emblématique de la situation de certains ados : « il est hors du monde et de la modernité » et avec son atmosphère à quoi je ne savais pas l’ami Vivas si sensible : « Ici, tout est silence, quiétude et transparence. » Ce ne sont pas les gentils qui gagnent, comme dans la vie, mais la morale est quand même sauve puisque un tel livre est produit et lu, vendu avec 50 centimes en faveur du projet Tsarahofana à Madagascar. Comme quoi on peut écrire et éditer en « province » et surtout on peut intéresser la jeunesse autrement qu’en la faisant s’évader ou – pire – en la faisant se délecter de ce qui est pourri dans le royaume de France… et du monde.