L’ami Jérôme est réputé « compagnon de route d’un communisme sans dogme, anar des chemins buissonniers ». Il est entre autre poète et ne manque pas du talent d’évoquer l’érotique. Il m’a dédicacé à « Polars du Sud » (Toulouse) celui-ci parmi ses derniers livres. Quel bonheur de lire un auteur qui ne donne pas dans le courant dominant et mollasse se repaissant de soucis personnels ou élevant au rang de littérature une vie bien banale écrite tout aussi banalement ! Je le situe à la fois dans la veine du polar et dans celle du roman social avec une manière bien à lui d’évoquer les choses de la vie, chaudes et glaciales, ainsi que de citer des auteurs d’extrême droite comme on « cite » (provoque) le taureau à la corrida. Enfin, alors qu’on s’abandonne un peu partout à la nostalgie ou la tentative de résilience du passé, il a ici l’avantage de concevoir l’avenir, et un avenir heureux, s’il vous plaît, dans la résiliation de notre mode de vie qui tourne mal et que l’on quitte. L’histoire met en scène des agents secrets tentant de camoufler, par le crime, cette tendance qui se manifeste. Il faut lire pour comprendre… Alors, je suppose que vous aimerez si vous ne réduisez pas la littérature à une fonction d’aide psychologique, et je cite ces quelques lignes parmi celles que j’ai bien aimées : « Le premier roman de Morand s’appelle Les Extravagants. Il met en exergue le sens étymologique du mot. Ce n’est pas forcément quelqu’un qui fait des choses folles ou scandaleuses, mais quelqu’un qui ne prend plus les routes habituelles pour se déplacer […] en ne prenant que des départementales et [pour] rendre fou, pour le plaisir, son GPS[…] ». Oui, il faut lire !