Amertume des informations certains petits matins : un groupe de femmes vient d’empêcher la projection du film J’accuse de Roman Polanski aux cris de « Assez d’impunité ! » etc. Sachant qu’une nouvelle personne accuse publiquement le réalisateur de viol, j’avoue que me dégoûtent les rapaces qui profitent de proies offertes à leur domination. En général il s’agit d’hommes riches ou puissants et de femmes faibles dans une situation d’incapacité à résister ou bien d’espérer profiter de leur infortune. Pour moi, l’amour étant sacré, il faut juger et punir ceux qui le criminalisent. Polanski comme les autres. De même qu’il faut tâcher de mettre fin aux mauvais traitements que certains mâles infligent à leurs compagnes.

Je ne puis m’empêcher pourtant de constater que, depuis quelques années, des femmes rencontrent les grandes oreilles des médias grand ouvertes pour faire qualifier tout homme de « porc », à « balancer » aux deux sens du mot.

Cette affaire du film dont on interdit la projection a en tout cas bien mauvaise odeur. Elle pue l’esprit d’intolérance et de dictature, j’ai failli écrire : le fascisme où l’on fait censurer la création artistique, sous des prétextes quelconques, souvent moraux.

Je n’ai pas encore vu le film qui vient sans doute à propos pour tâcher de faire apparaître le réalisateur sous un jour plus positif. Mais si l’on garde un peu son sang froid, on peut convenir qu’un film sur l’Affaire Dreyfus n’est pas de trop (il y en a encore fort peu) surtout au temps où les vagues de racisme se multiplient.

De plus, ce n’est jamais un bon jugement que de tout mélanger, la personnalité de l’auteur et la valeur de son œuvre entre autres. On sait comment Ferdinand Céline, salaud raciste notamment antisémite, a pu écrire un des plus grands livres de son siècle : Voyage au bout de la nuit. Et les écrans débordent de navets convenus, tiédasses ou nauséabonds, pondus par des auteurs tenus pour respectables.

Alors, un peu de jugeote, s’il vous plaît ! Et vous, mesdames aux bons sentiments, qui voulez faire interdire un film en vous présentant pour certaines les seins nus, il en est qui vous diraient : un peu de tenue ! Je vous dis quant à moi : un peu d’humanisme !