Des bruits divers et aussi des photos courent dans la presse à propos d’Airbus chargeant des masques en Chine et atterrissant à Blagnac, en Allemagne, Espagne et Angleterre. L’avionneur européen, emblématique aussi de Toulouse, livrerait des masques par millions, à ses propres frais de carburant. Des usines toulousaines Airbus ou sous-traitantes ayant fermé un temps pour cause de défaut de protection… on se doute quand même que la compagnie doit se servir au passage pour protéger ses propres employés.

Ainsi Edwy Pleynel de Mediapart dénonce que, afin que ces employés continuent à travailler, Aibus garderait des masques en quantité au lieu de les livrer aux personnels soignants. Sans autre commentaire, revenons sur le problème de l’utilité des masques. Après la déclaration de leur inutilité par de nombreux responsables, en tête des ministres, surréalistes malgré eux, l’Académie de médecine, le directeur général de la santé – et finalement le Président Macron lui-même – prônent fermement le port de cet objet. Le masque est donc maintenant conseillé, voire bientôt obligatoire dans certains cas. Secret de polichinelle : un énorme et tragique mensonge d’état fut entretenu des mois durant pour cacher la pénurie résultant d’une politique de flux tendu et de délocalisation chère au libéralisme sauvage et irresponsable, avec en outre une incompréhensible gabegie ayant consisté à laisser disparaître le stock dit stratégique.

Masque viendrait de MASCA en bas latin (repris en occitan provençal) pour désigner une sorcière ou femme laide et méchante. Évidemment sans rapport avec une ou une autre ancienne ministre de la santé ! Dans l’histoire on trouve des masques un peu partout et tout le temps, pour se cacher, se déguiser ou exprimer des croyances. On peut même admirer dans la grotte des Trois-Frères en Ariège, un dessin datant de 17 000 à 20 000 ans, représentant un médecin ou sorcier, le visage couvert d’un masque. Quant au masque chirurgical connu mais manquant chez nous, on peut lui trouver comme ancêtre celui à long bec d’oiseau des anciens médecins.

Le port du masque en ville est répandu en Asie depuis notamment la grippe espagnole, tandis qu’il est incongru chez nous. La volonté de se protéger des maladies faisant partie intégrante de la culture japonaise, les gouvernements français successifs ont, depuis des années, diminué, voire sabordé le stock de millions de masques jusqu’à rendre impossible de faire face à une pandémie. Or, il s’avère évident que ce masque permet de limiter la transmission des virus aéroportés par des personnes infectées.

L’OMS recommande : de bien se laver les mains avant de poser le masque, de ne pas le toucher durant son utilisation (ou se nettoyer les mains sans attendre) et d’en changer quand il est humide. Il doit être retiré en le prenant par les liens à l’arrière, puis jeté avant un nouveau lavage des mains. On oublie de préciser que le plus important est encore d’en avoir !

Et je nous invite à songer au profond naufrage culturel où mène la perte des visions du passé et de l’avenir dans l’idéologie dominante actuellement selon laquelle on ne conçoit la vie qu’à très court terme de rentabilité économique immédiate, pour ne pas dire en terme d’accapareur coupable de délit d’initié ou – pire – se révélant d’une criminelle incapacité. Or, au titre de l’économie, on oublie tout simplement les conditions de survie d’un peuple… Et en ce temps de confinement, je ne puis m’empêcher de digresser.

Qui n’a pas noté que, le trafic automobile et celui des avions ayant considérablement diminué, l’air en devient plus respirable, incroyablement purifié tandis que, dans les rues de petites villas avec jardinets, nombreuses traditionnellement à la ville rose, on entend les oiseaux chanter et les abeilles bourdonner. De quoi se convaincre qu’il sera urgent, après la fin espérée du covid, de faire en sorte que nos enfants ne s’empoisonnent plus en respirant. De même qu’il faudra bien, sous peine de catastrophe définitive, changer de mode de production et de gestion pour non seulement limiter les risques de pandémie mais aussi arrêter la destruction annoncée de nos conditions de vie sur la planète.

Comme quoi, la pandémie actuelle risque de nous mener loin, plus loin, espérons le, que des mesures de replâtrage du régime actuel ne cachant même plus de vicieuses intentions et aussi l’incompétence et la malhonnêteté.