Cette suite de courts textes poétiques invoque des oiseaux, à mon goût avec moins de virtuosité mais plus de sincérité que le long texte de Valère Novarina : Le Discours aux animaux qui eut la fortune que l’on sait. Le premier, un sixain proche du haïku, commence par « Te » au premier vers et « l’amour » au dernier. Est annoncée la couleur, non pas du plumage mais de l’aimée. C’est d’intimité et d’être au monde qu’il s’agit : « nous marchons dans un rêve », « nous ne serons jamais de grands aventuriers » et aussi d’écriture : « Un jour repose toi / laisse ta page blanche / d’elle n’espère rien », avec toujours une présence, celle de l’autre, elle : « Grâce à toi / l’heure est sertie de sable et de prières. » Car si l’on rencontre bien des oiseaux, la clé est peut-être ce poème où « seul le coucou chante / à mes tempes le sang cogne cogne / cent noms d’oiseaux que je n’ai pas appris ». Avec ce recueil la revue Encres vives en est à son 442ème numéro. C’est la plus ancienne revue de poésie qui subsiste en France. Son format cahier rappelle le 21 X 27 des poèmes ronéotés aux débuts par son fondateur. Celui-ci, Michel Cosem, toujours aux commandes, poète, romancier et éditeur donc, je le connus lorsqu’il animait l’atelier de poésie à l’association des étudiants de Toulouse il y a… quelque cinquante ans. Des textes à déguster pour leur concision et leur profondeur en ces temps de bavardage ambiant.

*Michel Cosem, 2 allée des Allobroges, 31770 COLOMIERS.