J’ai rencontré Marcus au « Festival Sang et noir » 2010, le premier salon du polar à Perpignan. Parrain du salon, il restait taciturne dans la chaleur des soirées. Comme ma compagne m’encouragea à lire ce « jeune » auteur, je fus accroché par ses nouvelles. Thèmes authentiques, écriture singulière, pas de crimes obligés ni surtout d’affectation de style « noir ». Mais une détresse et une tendresse vitales mêlées dans des aventures déchirantes semblant calquées sur le vif. Telle Musher, histoire d’un homme dans l’abîme immense de la nature et du sort, auquel des gens de rencontre demandent le plus grand et le pire des services… Sans oublier L’Ange pleureur où un jeune côtoie une femme en déchéance qui se révèle être… Je ne dévoile pas les mystères qui vous emporteront peut-être en larmes comme moi. L’écriture est à la fois simpliste et puissante, loin aussi d’autres modes conjuguant de grands écarts entre mièvrerie et obscénité. Dans Jardinier, la brève nouvelle qui commence par la mort du fils, criminelle mais accidentelle, ces quelques mots filés : « Nous n’avons plus jamais fait l’amour, elle [la mère] et moi. Depuis maintenant quatre ans. Au début, tout paraît indécent. » Et dans Jeanne, ma Jeanne, le narrateur vient d’apprendre qu’un Autre a pris sa place chez celle qu’il aime : « […] à l’intérieur. Si loin. Si loin de moi. / A ce moment-là, je me suis rendu compte que je pleurais. […] Je suis resté un bon moment, je crois, sur les bords du lac. Il n’y a pas grand-chose de plus triste qu’un lac. » Malte publie depuis bientôt quinze ans et je n’en savais rien ! Je laisse la conclusion à l’ami Claude Mesplède (Le Magazine littéraire) : « Qu’il écrive pour les adultes ou pour les plus jeunes, Marcus Malte mérite de figurer dans le carré d’as des stylistes français. »