L’auteur et homme de théâtre est connu pour avoir fondé le théâtre des Carmes et initié le Off en Avignon. Je l’avais, pour ma part, ponctuellement côtoyé dans une remontée en camionnette sur la Fête de l’Huma il allait jouer. Avec son incomparable attitude de chevalier au verbe étincelant en scène et de penseur taciturne en privé. Son discours, teinté d’une touche méridionale, fait de conviction et de lyrisme, collait à merveille avec son écriture. J’ai tant aimé entre autres ses « couilles » aux côtés des viticulteurs dans Ballade à Montredon ! Le Temps des Cerises a eu la bonne idée de rééditer Urgent crier et Les poubelles du vent dans ce volume de plus de 300 pages sur un joli papier, avec photo initiale de l’auteur. Pour savoir qu’un tel écrivain célébra à la fois Bessie Smith, les beatniks, Che Guevara et Maïakovski, brocarda parfois le festival d’Avignon et chanta mai 68 dans : « L’imagination n’a pas pris le pouvoir mais on est content quand même. »

(Note en bas de page : « Phrase tracée à la peinture bleue en juillet 68  dans la cour intérieure d’un caravansérail »). Il y aurait grand dommage à oublier que la poésie fut aussi revendicative et épique en même temps que lyrique chez nous, vers 68 notamment grâce à  Benedetto : « Écoutez prenez une plage / Étendez-vous au soleil sur le sable / C’est plein de vide autour de vous / Il y a le vide de l’espace / Et ces étoiles qui nous narguent / Et il y a le vide des rues  / Devant tous ceux / qui ont besoin […] ».  Grand dommage surtout à ne pas garder mémoire d’un tel poète : « C’est déjà d’un autre / que je parle / de celui qui portait un nom / que vous avez connu peut-être […] »