L’auteur est plus connu pour ses livres de poésie mais j’ai beaucoup aimé ce livre, son troisième roman noir après Lignes de fuite et Un sang d’encre. C’est un beau roman, authentique par l’écriture et par les sentiments, bien au-dessus, selon moi, de bien des choses que l’on peut lire aujourd’hui. Une histoire de corruption et de scandale avec en surimpression la déchéance comme elle nous guette tous et aussi, et surtout, l’amour d’un homme qui s’éveille à chercher à comprendre sa fille (recluse dans le mutisme après un viol). Il part pour prendre la route en camping-car, avec une toute jeune femme qu’il « repêche » d’une vie en squat. Et, si l’on lit en profondeur, une quête métaphorique de LA fille perdue dont l’autre est un substitut, dans le panorama d’un Toulouse où la déchéance et la délinquance côtoient l’idylle au site de « l’Embouchure » des canaux… C’est écrit par un poète, avec un talent dont on peut être parfois jaloux, du fait de sa force mesurée. « Le monde au fond, comme les tournevis et les clefs à mollette, l’intimidait. Mais il y avait aussi dans son attitude une sorte de commisération pour quelqu’un qui n’avait pas encore compris. Floréal m’avait dit que je perdais mon temps, parce qu’on ne répare jamais rien. » Et c’est mené avec originalité, sans se croire tenu à respecter des règles du polar anglo-saxon. J’y ai pris un plaisir extrême.