Une surprise en cache une autre, ce recueil trouvé par hasard dans une librairie bordelaise (ainsi que deux autres de ses livres : Canicule et vendetta et Un monde à l’envers), me révèle un Thierry que je côtoyai un peu trop en mal voyant. Éditeur de quelques uns de mes textes dans les années quatre-vingt-dix, et animateur de la vie poétique locale et internationale, ce livre me le révèle alors comme écrivant angoissé et hyper conscient, et aussi espérant en l’écriture, rien qu’en elle, sinon en l’amour. Ému surtout par les notes de notre temps commun à Vénissieux où, plus que moi sans doute, il sentait venir le désastre, lui en vue de la crise de la quarantaine que j’avais déjà bien dépassée : « l’horloge du temps a déjà descendu toutes les marches » ; «peut-être n’ai-je plus rien à dire plus rien ». Rassure toi, Thierry, tes livres suivants démentent, le poète nous est nécessaire : « Ton havre est un havre de paix / j’aime me perdre en ton delta » ; « j’écris tout simplement pour vivre » ; « Le jour arrive éclaire notre rêve ».