Je déroge déjà, à l’égard des poètes, au principe d’une chronique par auteur. Qu’on me permette d’en faire autant pour un texte publié par des amis sur Internet, d’autant que l’auteur est également l’éditeur (avec l’amie Jeanne Desaubry) d’une belle collection érotique baptisée « Culissime ». Quand Éros rencontre l’Histoire, surtout celle de la Commune, cela fait forcément assaut du ciel … Et c’est le cas dans ce récit en 3 épisodes. Tout commence avec un rapport de police de l’Empire (le second) sur Marie-Louise Berthet, pensionnaire d’une « maison de plaisir » fréquentant aussi le club libertaire « Union des femmes »… Celle-ci se retrouve, durant la terrible répression du printemps 1871, cachée dans un couvent par un jardinier qu’elle remercie en lui faisant l’amour. Au cours d’aventures reflétant la réalité du temps, misère des courtisanes populaires et noyade des communards dans le sang, elle sera conduite par la sœur supérieure à faire état sur elle de son savoir particulier acquis en maison, ce qui la fait agréer pour devenir sœur Visitandine… On l’aura compris, l’auteur ne s’abandonne pas seulement à la gaudriole mais trace un tableau des mœurs de l’époque, tableau acide comme ceux des anticléricaux classiques, la religieuse allant faire état d’ : « une mystique tendance sardanapalesque, amoureuse frustrée comme tant de bondieusards », tableau lucide aussi à la manière d’un Victor Hugo, Les Misérables étant d’ailleurs cité. J’ajoute que l’écriture, teintée parfois d’une pointe de vocabulaire d’alors, respecte l’érotisme en lui conférant correction et même beauté sans oublier quelques onces d’humour : « le berlingot en folie, j’en tremble, de toutes les parcelles de mon corps »… « Soudain sa tête bascule, elle a atteint le point culminant de la grâce » On n’oublie pas, bien sûr, de citer la chanson Le temps des cerises : « Et le souvenir que je garde au cœur. » Un vrai plaisir !
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