C’est Jérôme Leroy qui, avec son livre En Harmonie, m’a donné envie de relire Fajardie. Et j’y ai pris un plaisir extrême. Une histoire de truands bien arrivés dont l’un, assiégé, appelle les autres au secours. Un vieux lien entre eux : le casse du « Golden Eagle », sensationnel coup de bluff et de billets de banque perpétré ensemble en 1944… J’ai appris à aimer l’auteur par le traitement qui sublime cette affaire. Rencontre d’une passion d’écrivain documenté et même, semble-t-il, de connaisseur pour les armes. Peut-être aussi d’une fascination pour des corps d’élite des armées, enviés par le militant gauchiste déjà sur le retour ? D’une idéologie de lutte, en tout cas. Les jumelles sont aussi, à la bonne heure, braquées sur l’Histoire : « L’après-guerre, telle qu’en France elle se dessinait déjà, le décevait profondément : le programme du CNR* jeté aux orties, l’ostracisme du chef de l’état […] / Tout cela, tous ces morts et ces ruines, pour ne pas même avoir changé de monde ? » Quoi qu’il en soit, c’est une belle histoire d’amitié, de confiance et de doute, décrite avec humanité et, même dans l’horreur du combat, avec amour pour les personnages. Telle vulgaire gâchette à contrats évoque sa jeunesse : « Vous allez vous marrer, patron, j’écoutais les yé-yé et je croyais tout ce qu’ils disaient dans leurs chansons. Quand Françoise Hardy disait : « […] Oui mais moi je vais seule car personne ne m’aime», je me disais que c’était très exactement mon cas. » Pour finir, c’est l’amitié, l’amitié vraie, l’amitié jusqu’à la mort, qui l’emporte :

« ― Pourquoi tu es venu, Tom ?

Pour toi. Et pour Pa. Pour moi. Pour eux tous, pour la terre entière, tu comprends ? »

*Conseil National de la Résistance (note de l’auteur).