Notre-Dame de Paris est évidemment un symbole, celui de l’idéologie de bien des gens depuis bien des temps, de la compétence admirable d’architectes, du travail tout aussi admirable de compagnons, de la puissance de l’Église, du pouvoir d’attraction touristique de Paris, de la littérature et du cinéma français, etc. La récupération de l’émotion par un président qui en profite pour privatiser et politiser l’aide à la reconstruction, c’est un symbole aussi. J’entends que pas mal de citoyens s’émeuvent des sommes parfois coquettes versées alors qu’ils ne parviennent pas à réunir le nécessaire à la réfection de leur propre église en « province ». Hé oui, M. Macron pense toujours aux premiers de cordée ! Mais les gilets jaunes, eux, ils sont sur les ronds points de trous perdus entre une voie de chemin de fer qu’on abandonne, un hôpital qu’on ferme et une église qu’on laisse en ruines, sans pognon pour le carburant qu’il faudrait afin de bosser à la ville voisine. Ne parlons pas d’un château médiéval qui vit naître un troubadour ! Hé si, au fait, parlons-en, de ce berceau d’un gentil poète nommé Raimon de Miraval ! Il naquit dans la Montagne noire au-dessus de Carcassonne et passa sa vie à chanter en occitan l’amour dit « courtois », celui qui respecte et adule les femmes et duquel l’amour dont on parle aujourd’hui descend, si bien que dans La Leçon de Riberac, Louis Aragon déclare : « Cette morale de l’amour est le prélude des idées qui feront plus tard de la France le flambeau du monde. » Et alors, quant à moi je suis triste de contempler à l’abandon l’embryon de muraille misérable du petit château de ce poète-chanteur à qui nous devons l’éclosion oubliée mais qui reste profond en nos gènes, celle de l’amour comme valeur suprême résumée en deux vers : « D’Amor es totz mos cossiriers/ Per qu’ieu no cossir mas d’Amor ;… » D’Amour est toute ma pensée/ je ne me soucie que d’Amour…