Une jeune journaliste pigiste tombe sur une histoire abominable de trafic d’organe prélevé sur un gosse lors d’une banale appendicite. On apprend que la victime est un enfant immigré et le bénéficiaire un très riche personnage, alors que la clinique fait les choux gras de quelques profiteurs sans foi ni loi. Tout est donc pour le plus normal dans le plus typique des mondes actuels, que Lapagesse avait déjà passablement brocardé dans ses précédents polars. Narré par un toulousain, cela se passe dans un coin bien de chez nous, au sud et puis à peine au nord de Toulouse, ce qui continue à prouver, s’il en était besoin, qu’il existe bien un polar français sudiste, hors même le polar Marseillais. Je retrouve l’écriture sarcastique et persifleuse de Tant qu’il y aura des pommes* et l’auteur porte ici avec bonheur une histoire d’un noir hélas presque banal. Sa phrase mesurée ne se croit pas obligée d’user de termes « polardeux » convenus. Ses mots pesés tombent justes et vrais, parfois avec acidité. Celui qui mania toile et pinceau avant écran et clavier sait de quoi il retourne au monde des couleurs vertes et pas mûres où les places sont très chères aussi : « De neuf, elle n’en savait rien, mais à coup sûr un regard différent : le sien. Aurait-on osé demander à… à Modigliani par exemple, de ne plus peindre de portraits sous prétexte que La Joconde existait déjà ? »
* Editions Autres temps.