Ce livre édité en Algérie, œuvre d’un poète algérien, Secrétaire général du Haut commissariat à l’Amazighité (berbérité), est intitulé « roman ». Je l’ai lu plutôt comme une série de scénettes de la vie algérienne actuelle, écrites avec tendresse et acidité à la fois, non sans profondeur: « Quel est donc ce peuple qui ne chante plus son pays ? » « … il y a bien trente six millions de frères et de sœurs. Voilà donc une nation bâtie sur un immémorial inceste. Si c’est le cas, je comprends le côté mongolien de l’Algérie. Il y aurait donc le phénomène de consanguinité qui nous mine tous et toutes. » Il est question des tares et trésors de cette société où des personnages survivent dans la débrouille et le désespoir, non sans amour, même s’il est parfois triste : « l’amour se fait comme si on a honte et dans l’utérus de nos femmes se perpétuent nos fatigues de la journée.» Un des personnages finira par mettre à exécution son rêve de « brûler » la mer, mais, « harraga » plutôt dorés, au lieu de s’embarquer sur un frêle esquif, il partira en avion à Paris. Une face de l’Algérie que nous sommes loin de deviner de ce côté-ci du Grand fleuve. Non plus l’image d’Épinal d’un pays terrorisé, encore moins celle d’une terre écrasée d’islamisme. On y découvre même l’existence d’une « fleur du mal », une fille sortie d’un catalogue de mode, exerçant une charge élevée dans l’administration et renversant la domination masculine. Un bon livre à lire si l’on tâche de se le procurer…