Editer chez un tel éditeur de poésie est déjà un titre pour une jeune femme. Lire ce texte confirme que la reconnaissance est méritée. Belle aventure que ces invocations de l’homme absent, censé être parti comme Ulysse à la guerre, celle de la vie, complexe sans doute : « Moi j’irais bien rejoindre Ulysse avec les sirènes […] ». L’ensemble ne manque pas de souffle ni de culture, ni encore et surtout de talent. On y vogue au gré de l’amour, du souvenir, pas celui rétréci de l’enfance familiale, celui, ample de la connaissance : « il n’est pas de territoire plus vaste que ma / mémoire […] ». Découpée en chants et répons, cette sorte d’Odyssée chante la passion blessée mais toujours affamée de celle qui attend, tandis que Lui ne songe que conquêtes : « moi je veux le glaive, je veux le glaive et une entaille / tendre où glisser ma chair raide […] ». Elle en vient quand même à : « c’est à moi maintenant de porter le coup / te saisir à la racine / et te planter dans mon corps, ce fruit […] » On le voit, ce n’est pas pudibond. La poésie d’amour vrai peut-être délicate et violente. Ce petit livre l’illustre. Il a de plus l’audace et le savoir d’être bilingue en occitan et en français, rendant ainsi ses lettres de noblesse à la langue des troubadours, si occultée en France. Peut-être Elle a-t-elle un nom occitan ? « Dona-me un nom, Ulisses ».