Rien ne semble plus suranné et n’est pourtant plus familier qu’un hymne entendu depuis l’enfance et chanté à l’occasion. Il manquait une étude qui recense ceux du Sud et surtout en extirpe le sens. Martine Boudet a réussi ce travail dans ce petit livre comportant en deuxième partie les textes des principaux chants. On aborde d’abord les troubadours, entre autres en citant la revue Europe : « ils ont eu l’audace, qu’ils en aient eu conscience ou non, de laïciser en quelque sorte la culture ». La situation au Sud est contradictoire. La langue occitane qui véhicula sa grande culture un millénaire durant, est actuellement en extinction tandis que, comme le cite Martine, cette culture regagne pied à pied quelques parts : croix occitane comme emblème, appellation « Pays cathare », « calandretas » (écoles occitanes), etc. L’auteure définit les hymnes comme « un chant poétique, à vocation religieuse, politique, culturelle ». Le paradoxe est que, s’il n’a guère bonne presse en tant que souvent belliqueux, il nous habite pourtant aux grands moments. C’est ce qui montre son importance. L’étude de plusieurs de ces chants confirme. Pour preuve le fameux Se canta (S’il chante), qui subsiste dans tout ce Sud, y compris des zones hors frontières comme le val d’Aran et des vallées alpestres italiennes. Son origine supposée (composée par le comte de Foix Gaston Phébus au XIVème siècle) est contestée. Reste son sens codé : référence au rossignol exprimant la passion du cathare dominé et aussi « l’amour de loin », valeur courtoise et à la fois valable pour l’émigré. Pour résister aujourd’hui, piochons dans notre culture, même en extinction ! Je recommande cette lecture.
*Contact : boudetm@wanadoo.fr